(Des)espoir

J’ai du bleu dans le ciel mais j’ai des bleus à l’âme.

Heureusement que j’ai de fidèles ami(e)s,

Et sur ces amitiés se fera le semis

D’une nouvelle vie dont je jouerai les gammes.

Il faut réinventer ce qui ne convient plus

Sous peine de mourir, je ne m’y résous pas

Et, pour ce nouveau cap, à refaire au compas,

Je garde l’essentiel, vire le superflu.

Il y aura, c’est sûr, des larmes. Et ces moments

Difficiles serviront à me reconstruire.

Ou bien achèveront de tout anéantir

Peut être est il trop tard pour enfin réagir

Mais je veux essayer. Ça ne peut être pire

Que de rester planté dans ce ronronnement

Ce sonnet à ses seins

Ces seins si sensuels que j’ai sous mon regard

Sont de ce monde là une des sept merveilles,

On en est ébloui comme par le soleil

Et ne peut que les aimer à bien des égards.

 

Les prendre dans ses mains et la raison s’égare

Car leur rotondité, à nulle autre pareille,

Donne envie de croquer leurs si tendres groseilles

Et cette perspective me monte au cigare.

 

Je ne me lasserais, si j’en avais le choix,

D’en effleurer la peau de la pulpe du doigt

Ou de les empoigner pour en juger du poids.

 

Pourrai-je les goûter ? Je serais bienheureux

Ils m’inspirent tellement d’élans chaleureux

Et pour les conquérir je serai valeureux.

Reprise

Mardi m’a chuchoté que ta journée fut belle,

Alors je m’en réjouis du fond de mon bureau.

Ces plaisirs découverts sont, je pense, auguraux

De merveilleux moments de communion charnelle.

 

Tu fais vibrer, je crois, ta corde sensuelle

Et j’imagine alors des orgasmes pluraux,

Soupirés. On est loin de râles gutturaux.

Même dans l’abandon tu demeures si belle.

 

J’y pense sans cesser et mon travail je bâcle.

Me détourner de toi ? Voilà que j’y renâcle.

Ces moments loin de toi je voudrais abréger.

 

Alors, en reclassant de mornes documents,

Je rêvasse aux moments où nous serions amants.

Et le labeur me semble aussitôt plus léger.

Sur le bout de la langue

Sur le bout de la langue j’ai

De tes lèvres et de ton pistil

La saveur suave et si subtile,

Elle me rend le cœur léger.

Sur le bout de la langue aussi

Du bout de tes seins la texture

Et j’en aime leur goût mature,

Dévot de ta mammocratie.

Sur le bout de la langue encore,

Venant du moindre bout de chair

Que tu m’as dévoilé ma chère,

Le bouquet de ton joli corps.

Sur le bout de la langue enfin,

Les mots que j’aimerais choisir

Pour exprimer tout le désir

Que j’ai pour toi. Ardente faim.

 

Last night

L’ultime dodo était pour bientôt maintenant. Les sacs étaient sans doute faits, les carosses révisés et rutilants, prêts à vrombir sur les belles routes de France. Chacun vivait sa propre veillée d’armes un peu partout dans l’hexagone. Nulle appréhension ne serrait leur cœur. Au contraire. Il était plein de joie, d’amour et d’impatience, prêt à éclater de ce trop plein d’émotions. Non, ce qui préoccupait nos héros c’était la perspective de manquer de sommeil. Ou pire, l’ayant trouvé trop tard, de ne pas entendre le réveil et retarder d’autant ce voyage tant attendu. C’était une hâte solitaire mais tellement partagée.

Attente

La patience était mon point fort,

La voilà mise à rude épreuve.

J’en ai l’incontestable preuve

Avec les surhumains efforts

Que je produis, ces derniers temps,

Pour ne pas plus tôt m’en aller,

Je dois ma hâte ravaler.

Depuis le temps que je l’attends

Ce doux moment où, réunis,

Je pourrai enfin déposer

Sur tes lèvres de doux baisers

Sinon pourquoi pas un cunni ?

Cela demeure t’embrasser.

Je crois t’aimer décidément,

De haut en bas pareillement.

Tu n’en es, je crois, pas froissée.

Entre tes cuisses écartées

Ma langue ira, sans se lasser

De la fente au bouton passer

Et rien ne pourra écourter

Ce temps où, tout à ton plaisir,

Je ferai une ode à ton corps

En allant au devant encore

Du plus secret de tes désirs.

Voudrais tu ma queue ? Tu l’auras

En bouche, en con, en cul, selon

Tes désirs. Et tel un frelon

Mon dard partout te piquera.

Lorsque, repue, tu poseras

Ta tête au creux de mon épaule,

Je devrai garder mon contrôle

Pour ne pas t’écraser dans mes bras.

C’est je le crois pour très bientôt.

Alors, sur les doigts de mes mains

Je recompte, tous les matins,

Combien il reste de dodos.

Opportunisme

Kaaris roulait carrosse, au grand dam de Booba

Qui ne l’appréciait guère. Alors, quand à Orly

Ils se virent tous deux, résonna l’hallali

Et se mirent à pleuvoir en tous lieux les coups bas.

 

C’était bien éloigné des si nobles combats

Opposants Joe Frazier et Mohamed Ali

Ce sombre pugilat nous démontra la lie

Que sont ces deux rappeurs au niveau du débat.

 

Et tout ça pour du buzz, de la notoriété,

Se faire remarquer dans une société

Où le paraître a pris, hélas, la part du lion.

 

Ça va leur amener de nouveaux abonnés

Et je veux bien, ma foi, les leur abandonner

Connaissant leurs profils, fussent ils des millions.

Départ

Sous la contrainte des toupies hurlantes du 30/07

Des vacances, enfin. Longues. Pour se ressourcer d’un job qui l’avait usé et qu’il venait de quitter avec soulagement, Yann avait décidé de partir bivouaquer en totale autonomie pendant trois mois afin de repartir d’un bon pied dans sa vie. Il avait vidé son bureau, restait à faire le sac. Le départ était dans 3 jours.

Yann errait donc, perplexe, de la salle de bain au dressing, du dressing à la chambre et réciproquement, à la recherche d’inspiration sur le contenu de son sac. Ne prendre que le nécessaire, rien de superflu était son leitmotiv. La pince à épiler sur le lavabo l’avait interpellé un moment. Un accessoire léger et peu encombrant. Et puis il s’était ravisé. Il resterait velu et barbu pendant sa retraite. Et, même s’il commençait à avoir des poils dans le nez ou les oreilles, nul n’irait les prendre en photo ni juger de son esthétique là où il irait. C’était la même chose pour les cheveux. Il les raserait au début et il verrait bien. Et puis, fuyant la civilisation, il ne croiserait pas la moindre piscine municipale Il n’aurait donc nul besoin du bonnet de bain qu’il venait de tirer de la boîte aux accessoires sportifs. Il le remisa donc, le laissant de nouveau dans l’oubli.

Un moment de lassitude le prit et il s’assit sur le lit pour faire une pause Comment en était-il arrivé à prendre cette décision de tout quitter et partir en ermite ? Déjà, quitter son boulot était une question de survie. Il n’en pouvait plus de cet entourage professionnel nocif qui était en train de le tuer à petit feu. Il se souvint de ce que son futur ex chef, plus décoratif que vraiment manager, lui avait dit, un verre de vin blanc à la main, à l’occasion du pot de départ auquel il n’avait pas pu se soustraire :

  • Vous vous quittez, c’est dommage pour la société. En tout cas c’est formidable qu’à votre âge vous ayez encore des objectifs de carrière. Je vous souhaite de réussir.

Yann n’avait pas voulu lui répondre que c’était en grande partie à cause de sa toxicité de mouche du coche ainsi que des contraintes de plus en plus ubuesques de son poste qu’il avait décidé de tout plaquer. Mais il n’était pas dupe de l’hypocrisie des propos qu’il venait d’entendre. Et tant pis pour les bougies d’anniversaire pour ses 20 ans de poste qu’une gentille collègue gardait précieusement dans le tiroir de son bureau et qu’elle espérait lui faire souffler. C’était dommage pour elle. Mais pour si peu d’autres.

Ce bref moment de réflexion, assis au milieu du fatras qu’il avait répandu pour en avoir une meilleure vision, l’avait rasséréné. Depuis le temps que ce désir d’évasion couvait en lui. Il se dit qu’il avait eu raison de débarquer et de brûler des vaisseaux derrière lui pour enfin aller de l’avant et vivre. Il reprit donc l’inventaire des affaires à prendre le sourire aux lèvres. Ça allait être bien cette retraite. Il avait hâte.

Eté

L’été est propice aux décolletés. Les robes raccourcissent également. Tout cela peut donc être l’objet de découvertes dans son entourage. La collègue de travail, toujours vue col fermé, vous dévoilera alors le galbe envoûtant d’une poitrine gracieusement enveloppée dans une jolie dentelle. Ou pas. Vous pourriez avoir d’une autre la révélation d’un entraînement rigoureux lorsque la vue de ses jambes vous en révélera la délicate musculature. N’oubliez toutefois pas la rondeur, elle a également droit de cité. Et ne vous méprenez pas quant aux intentions. C’est la chaleur qui raccourcit les tissus. N’y voyez nulle offrande supplémentaire. Et restez gentleman.