L’ombre d’un regard

Ses yeux se plissent quand elle le regarde, laissant transparaître l’intérêt qu’elle lui porte. Il est l’un de ses caprices, elle l’aura coûte que coûte.

Il est troublé et les siens glissent vers le sol dans une vaine tentative d’échapper à son emprise.

Il n’aurait pas dû. Son regard tombe sur la couture du porte-jarretelles qui barre sa cuisse et qu’une robe trop courte pour être sage offre presque à sa main.

Elle sait le supplice qu’elle lui impose. Elle sait aussi que la soie de ses bas tisse une toile de sensualité dans laquelle il se prendra, c’est écrit.

Elle sait comment tirer bénéfice de la situation.

Ce soir il sera son complice. Et leur nuit ne sera que délices.

 

Les autres oulimots ici

La réponse

Je ne m’y attendais pas en ouvrant ma messagerie. Aux images qu’elle m’avait envoyées. J’avais sous les yeux sa blouse ouverte sur un joli dessous. Elle avait réalisé les clichés à mon intention m’avait-elle dit. Un cadeau. Et moi, hypnotisé par les dentelles qu’elle me dévoilait, j’en perdais mes mots. Oui, moi qui les aime tant, je les trouvais bien dérisoires à cet instant. Je voulais cependant lui répondre. Oui mais comment ? Des phrases ? Je n’en trouvais pas à la hauteur de ce qu’elle m’avait offert. J’optai alors pour répondre à ses photos par une des miennes. Mon torse. Aimerait-elle ?

Bagatelle et Bas-Attelle

Il désespérait d’avoir ce rendez-vous avec elle et, maintenant qu’elle lui a promis qu’ils se verraient ce jeudi, ses sens sont en feu. Il a trouvé le lieu idéal à ses yeux pour qu’elle s’abandonne à lui. Mais le laissera-t’elle l’embrasser sous les arcades ? Là ? Contre le piédroit ? Ses mains tremblent. Il compose son numéro. Deux sonneries passent.

— Allô ?

— C’est moi, j’ai tellement hâte de te voir. C’est toujours OK pour tout à l’heure ? J’ai repéré un café place des Arceaux, le lieu est superbe, tu verras.

— Je connais et tu as parfaitement raison. Mais j’allais t’appeler. Je ne pourrai hélas pas t’y retrouver.  La faute à mon pied droit. Une vieille blessure qui me cloue sur mon canapé. Désolée.

— Eh bien, soit. Je viendrai à toi alors. Il est hors de question que je te laisse choir. Ce sera de surcroît un plaisir de passer te prendre à ton domicile. Donne moi juste ton adresse.

— Pourquoi aperçoit-on de la polysémie dans tes propos ? Me voudrais-tu les pattes en l’air pour soulager ma cheville ? C’est un peu précipité cher ami, non ? À tout prendre, je préférerais un minimum de cour avant.

— Oups ! J’ai été maladroit…  Ai-je droit à une session de rattrapage. Je suis prêt à tout pour mon rachat.

— Je te l’accorde. Alors viens pour un thé. Et amène des gâteaux. Je te demande seulement de ne pas te moquer de la façon que j’aurai d’être chaussée. Parfois mes envies d’hyper féminité et la nécessité d’avoir quelque chose au pied donnent des résultats que je qualifierais de surprenants…

— Ne m’en dis pas plus, j’adore les surprises !

— Tu commences déjà à te moquer, vilain !

— Loin de moi cette idée, voyons ! Sinon, plutôt éclairs au chocolat ou tarte au citron ?

— Tel le chat, tu sais retomber sur tes pattes, gros malin… Chocolat mais je suis plutôt fan d’opéra.

— Il paraît… Vendu pour l’opéra. Je sais où trouver les meilleurs de la région. Ravi d’avoir la possibilité de pourvoir à ta gourmandise Et si, à l’issue de la dégustation, on entrevoit une issue à ton problème, je serai le plus heureux des hommes. Tiens bon, j’arrive !

— Tu retombes dans la polysémie, fais attention…

— Re-oups ! Je savais que je  n’aurais pas dû prendre équivoque comme option au bac…

— Tu es bête… Je raccroche et je t’envoie mes coordonnées GPS par messagerie, ce serait trop compliqué pour t’expliquer de vive voix. Mais ne traîne pas trop, je souffre.

— Je ne serai pas long

— Décidément…

(Elle raccroche)

 

Sous la contrainte des oulimots du 21 février.

Les mots des copains ici

Mon invitation

Toi, mon âme sœur,

J’aime ta douceur

Quand la vivrons-nous ensemble ?

Aimer à loisir,

Presque à en mourir

Voila ce qui te ressemble !

Je te sens mouillée

Tout émoustillée

Et cette vision me charme

C’est si merveilleux

De voir dans tes yeux

De désir briller des larmes

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Ton sexe luisant,

Et toi, là, gisant,

Nue au milieu chambre ;

Feraient mon bonheur

Mêlant vos odeurs

d’ylang ylang et puis d’ambre,

Ces parfums profonds,

Je les prends au fond

De mes cavités nasales

Et il me plairait

De te déflorer

En anal, en vaginal.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Gicler sur ton dos

Et, comme un pinceau,

De mon foutre qui abonde,

finir d’assouvir

Tes moindres désirs

En vibrant des mêmes ondes

Et, en te touchant,

Ravoir sur le champ,

L’érection virile et fière

Pour prendre ton corps

Que je lèche et mords

Avec un plaisir solaire

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

 

Merci à Charles pour le texte.

Merci à Toi pour l’inspiration…

 

Impatience

Je voudrais tellement

Ma langue à la sienne mêler,

Prélude, sûrement,

À des plaisirs au goût salé.

La voir absolument

Et dans ses beaux yeux déceler

Un désir immanent,

Virus que j’aime inoculer.

Ah, être son amant.

Et voir à ses lèvres perler

Ma sève, suavement,

Que je lui aurai instillée.

Voudrait elle instamment

Me prendre à son tour, m’enculer ?

Je m’offre, aveuglément

Envie qu’elle a su déceler

Hâte de ce moment

Où nous pourrons nous révéler

Nos passions, franchement.

Nous le vivrons sans calculer.

Winter is coming

image

 

L’hiver, elle venait d’y entrer, au moins dans sa tête. Elle savait que les choses n’allaient pas bien, que leur relation allait en se refroidissant avec le temps. Mais elle avait cru au renouveau quand les jours avaient commencé à rallonger. Hélas, la date fatidique du quatorze février était arrivée et elle n’avait rien reçu d’autre qu’un laconique : “Tu vaux mieux que moi. Pardon”.

Folle de douleur, elle avait ôté ses vêtements,les déchirant frénétiquement, et était sortie, nue. Elle espérait la neige. Pour en finir. En effet, quoi de mieux que de s’allonger dans ce linceul glacé pour abréger ses souffrances ? Mais, une fois dehors, pas de blanc manteau. Juste un épais tapis de feuilles. Elle était au désespoir. Que faire ? C’est alors qu’elle avisa une stalactite de glace qui pendait de son auvent. Percer son cœur éteint avec, c’était une fin qui avait autant de panache que celle qu’elle avait prévue. Elle l’arracha et la pointa sur son sein. Une goutte de sang perla, si rouge sur sa peau si blanche.

Soudain, une main lui enleva son arme de fortune. Puis des bras l’enserrèrent et une voix  caressa son oreille :

— Ne fais pas cette connerie ma belle. Il n’y a pas de cause ni de personne qui valent que tu te sacrifies.

Cet ami de longue date. Qui avait su lire entre les lignes de son apparente gaieté. Et qui était venu la voir en ce jour fatidique, comme s’il en avait deviné l’issue. Elle fondit en larmes et s’abandonna à son réconfort.

— Rentrons. Tu deviens bleue et ça ne te va pas du tout.

Ses lèvres esquissèrent un pauvre sourire. La vanne avait fonctionné. Elle le suivit. Son réapprentissage de la vie venait de commencer.

 

Sous la contrainte du 14/02, proposée par Bruneline

Les autres oulimots ici

Je t’ai cherchée

Le soir vient et tu n’es pas là.
Tu travailles probablement.
Ou bien, dans les bras d’un amant,
Tu te donnes sans tralala.

Point de jalousie cependant.
Au contraire. Car nos envies
Sont multiples. Telle est la vie.
Nous ne sommes pas dépendants

Oserai je un jour te dire
À quel point j’attends ta venue ?
En message ou en photo, nue.
C’est un perpétuel plaisir.

Alors, bien sûr, nous sommes loin
L’un de l’autre. Et c’est bien dommage.
Car nous désirons davantage
Que du virtuel. Ça c’est certain.

Ça viendra, j’en suis persuadé
Ce moment là, où nos deux corps
S’uniront encore et encore
Autant qu’ils l’auront décidé

Alors je vais au lit léger
D’avoir écrit ces quelques vers
Ils ont réchauffé mon hiver
Libéré mon âme encagée.

Fallait pas insister

Suivant la contrainte des oulimots du 07/02/2019 A retrouver ici

Elle était une des habituées de ce club bien que nul n’eût jamais entendu le son de sa voix. Pourtant elle faisait partie des membres les plus actifs des lieux, se mêlant à qui lui plaisait sans arrière pensée ni tabou. Les raisons pour lesquelles elle y venait seule et restait systématiquement muette demeuraient opaques mais tout le monde s’en accommodent avec tact tant la gentillesse et la classe émanaient d’elle.

Jusqu’à ce jour où un nouvel arrivant, coopté par on ne savait qui et visiblement ivre, l’invita à boire en sa compagnie, portant sa main bien trop haut sur sa cuisse. Elle lui lança, sans mot dire, un regard éloquent quant au fait qu’elle déclinait sa proposition. Mais l’importun se croyait vraiment en pays conquis et insista lourdement Ce qui fit qu’elle dut user de sa voix avec fermeté, sans toutefois se départir de son calme. Ce qui, hélas, eut pour effet de trahir le léger zozotement qu’elle avait toujours voulu cacher. Piqué au vif, l’homme qui, décidément, était dépourvu de la moindre délicatesse, lui lança dans un rire gras que c’était plutôt un poil de bite qu’un cheveu qu’elle devait avoir sur la langue à en croire la rumeur. Le tout dans une immonde bruine de postillons. La manœuvre était basse et elle se sentit littéralement traînée dans la boue. Au point qu’un bain de teinture d’iode n’eût pas suffi à la désinfecter de la présence de ce goujat. Alors son regard, habituellement doux, se mit à luire d’une étrange façon, d’une dureté que l’on ne lui avait jamais connue auparavant, et, de sa bouche, sortirent les mots les plus abominables envers le malotru. Elle alla notamment jusqu’à inviter ce dernier à s’asseoir sur la bouteille de Listel gris qu’il avait à la main et à affirmer qu’elle serait disposée à lui offrir le blanc de bœuf nécessaire à ce qu’il l’accepte tout entière.

Bien qu’accoutumé aux pires conversations de vestiaires et de bar, l’homme devint rouge de confusion et battit piteusement en retraite. On ne le revit jamais et, de nouveau en bonne compagnie, elle put reprendre, en silence, le fil de ses envies.

07/02 : un éphéméride brûlant

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Il avait accumulé une somme considérable d’images et de mots. De lui ou d’autres. Des correspondances notamment. Il donnait et recevait. Tout cela était d’une sensualité folle et il aimait s’y replonger à l’occasion. Pour se souvenir, pour rêver.

Hélas, il en arrivait à un point tel que son jardin secret commençait à ressembler à une jungle. Et risquait de dépasser sur sa “vraie” vie. Mais il refusait de se résoudre à en supprimer quoi que ce soit.

Il n’arriverait pas, il en était certain maintenant, à faire son bûcher des vanités. Et se moquait de ce qui pourrait s’ensuivre.

06/02 : un éphéméride en manque

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Il avait laissé son smartphone sur sa table de chevet. Et Lui avait demandé d’en faire autant. Après tout c’était la journée mondiale sans téléphone portable et ils se disaient tous les deux qu’un peu de déconnexion ne leur ferait pas de mal.

Mais, vers le milieu de matinée, les premiers symptômes de manque commencèrent à apparaître :

Parce que nous étions mercredi et que, cette fois, il n’aurait pas la possibilité de contempler l’incroyable sphéricité de Ses fesses pour #asswednesday.

Parce qu’il n’aurait pas de Ses nouvelles avant le lendemain.

Il souffrait tant de Son absence. Mais comment faisaient-ils, avant ?