Il avait la baraka en ce moment. Ou bien prenait-il juste la mesure du charme qu’il dégageait ? Quoi qu’il en soit, les contacts se succédaient et, même s’ils ne se concrétisaient pas forcément en rencontres, c’était un bien joli jardin secret à entretenir. Alors quelle ne fut pas sa joie quand cette femme, avec laquelle il entretenait une belle relation épistolaire, lui apprit qu’elle passerait bientôt dans sa région et qu’elle aimerait bien le voir. S’en étaient bientôt suivies les coordonnées du lieu où elle lui donnait rendez-vous. Et elle lui promit une surprise.
Il fut à l’heure devant la porte de l’établissement. Il sonna. Un portier à l’allure de karatéka lui ouvrit et il entra. Comme il l’avait présumé de l’extérieur, son rencard se passait dans un lieu libertin, ce qui ne manqua pas de lui donner d’agréables frissons. Elle n’était pas encore là. Il passa donc au vestiaire avant d’aller, vêtu d’une simple serviette, prendre une consommation. Il y avait à la carte toutes sortes de cocktails épicés. Sans doute pour faire monter la température. Il choisit le Medicine Man, curieux de savoir ce que donnait la combinaison du rhum, du jus de citron, du sirop d’érable et du paprika, le tout relevé d’une feuille de sauge.
Il sirotait tranquillement son verre en étudiant les lieux. À peine avait-il fait négligemment passer un doigt le le long du sillon fessier d’une dame qui le lui avait ostensiblement mis sous les yeux. Il se réservait pour son rencard. qui finit par arriver
— Vous êtes tout seul ? Vous n’avez pas pris cul en m’attendant ?
Même ici, et alors qu’ils étaient nus, elle continuait de le vouvoyer. C’était charmant. Il lui avoua alors son bref attouchement.
— Raie vaut cul ou pas ?
Elle sourit.
— Oh que non ! Il faut aller au fond des choses si vous me permettez l’expression. Suivez-moi donc. Je ne voudrais pas que vous soyez celui qu’a raté cul à cause de moi.
Et elle l’entraîna dans une des alcôves. Ils étaient visiblement attendus car une demi douzaine de femmes étaient présentes, leurs fessiers redressés et offerts.
— La voilà ma surprise. Je n’ai pas envie de baiser aujourd’hui. Juste de vous voir en action. Mais toutes ces dames attendent, mon cher, que vous leur donniez du plaisir. Alors à vos culs !
Il s’en donna à cœur joie, passant de l’un à l’autre, parfois avec tendresse, le plus souvent avec fougue. Et sous les encouragements de sa complice, qui venait parfois rafraîchir de sa salive son sexe en surchauffe. C’était divin. Il n’aurait jamais imaginé une telle attention pour cette première rencontre.
Hélas, les choses se gâtèrent quand il sortit. Tapis au cul d’un camion, un photographe et un huissier faisaient visiblement un bien préjudiciable constat. Et, pour couronner le tout, sa femme surgit en hurlant.
— J’ai bien fait de te suivre ! J’ai maintenant la preuve que tu traînes dans des bars à culs ! Je fermais les yeux sur tes frasques et tes cachotteries. Tu pouvais bien t’amuser. Mais pas dans un lieu pareil. Pas comme ça. Je ne peux pas le supporter. J’ai déjà prévenu mon avocat et je peux t’assurer que tu ne t’en sortiras pas indemne. Ce sera beau si, une fois le divorce prononcé, il te reste de quoi te faire un potage au tapioca.
C’est en ces mots qu’elle révoqua les vingt ans de leur union. Il allait prendre cher, il le savait. Mais, même ainsi, il était soulagé que ça se termine. Une page se tournait, restait à écrire les suivantes. Et, avec sa nouvelle complice, elles promettaient d’être belles.