Tout n’est qu’une question de point de vue : voilà ce qu’a été ma première pensée quand j’ai refermé ce livre. Car la monstruosité, quand elle existe, n’est qu’en fonction de celle où celui qui la regarde. Un charmant animal de compagnie ne peut-il par exemple pas devenir un redoutable prédateur ou une créature de science fiction une fois qu’il a quitté les genoux de sa maîtresse ? D’autres part, certains actes que l’on pourrait qualifier de monstrueux ne sont-ils pas le fruit d’une indifférence collective bien plus monstrueuse encore ? Dans un autre registre, certaines pathologies, certaines paraphilies ne font-elles pas passer pour monstrueuses les personnes qui, pourtant, les vivent au jour le jour. Bref, n’est-on pas tous, finalement, le monstre de quelqu’un ?
Tel est à mon avis le parti pris de Stella Tanagra dans son nouveau recueil de nouvelles. De nous montrer la possible monstruosité, selon comme on la regarde, de ce nous pouvons côtoyer au quotidien. C’est sous cet angle, celui du monstre qui peut se tapir en chacun de nous, que l’autrice déroule le fil de la douzaine de textes qu’elle nous propose ici .
Stella nous avait habitués à de la littérature érotique au cours de ses trois premiers ouvrages. La voilà qui s’attaque au registre du fantastique. Mais toujours avec ce regard si spécifique et ce vocabulaire complexe qui sont sa patte. Vous avez aimé sa façon d’écrire des textes coquins ? Vous ne serez pas dépaysés ici, d’autant plus qu’on remarque ça et là des notes de sensualité.
Le thème de sa prose à certes changé. Mais elle est toujours aussi incisive et on n’en sort pas totalement indemne. On aime ou on déteste mais Stella est de celles dont l’écriture marque. Elle m’a marqué en tout cas.
Vous désirez vous y confronter ? Je vous y invite. Mais prenez garde : le monstre ne se trouve pas toujours là où l’on croit qu’il est.
L’ouvrage est disponible ici ainsi que sur toutes les plateformes