The day after

La pendule sur le chevet lui indiquait qu’il était l’après-midi. Elle avait donc tant dormi que ça ? Et puis où était-elle d’ailleurs ? Elle ne reconnaissait pas le luxe feutré dans lequel elle se trouvait. Elle avait choisi le camping pour ses vacances, faute de moyens et cette suite était à leurs antipodes.

Et puis, en observant la scène, les souvenirs commencèrent à affluer. Il y avait une caméra sur trépied dans le coin là bas. Et, de l’autre, un projecteur dont la lumière crue l’avait aveuglée. Au point de ne pas pouvoir distinguer les visages des hommes. Car ça lui revenait ça aussi. Ils étaient plusieurs. Beaucoup ? Elle dut se rendre à l’évidence, elle ne les avait pas comptés. Enfin, elle y avait renoncé quand le quatrième était venu se placer entre ses cuisses.

Il le lui avait demandé. Elle avait accepté, tant pour lui plaire que pour éprouver des limites. Il l’avait quand même prévenue que ce serait dénué de toute tendresse et qu’elle ne serait que l’objet de leur plaisir. Et il avait eu raison. Ça avait juste été brutal et répétitif. Une succession de va et vient sans la moindre imagination. Une sorte de masturbation par corps interposé. Et elle avait juste été le réceptacle de cette mécanique. Avait-elle ressenti du plaisir ? Peut-être au début, oui. Être au centre de l’attention de cette assistance, le tout sous l’œil d’un objectif avait flatté ses instincts exhibitionnistes. Et puis tout était allé vite. Très vite. Trop vite. Ils étaient pressés. Ils avaient sans doute aussi besoin de se prouver cette forme de virilité qu’ils apprenaient en visionnant des vidéos jusqu’à l’indigestion. Celle qui ne s’exprime que par la performance. D’ailleurs elle soupçonnait que leur appétit sexuel était, pour partie, chimiquement entretenu. Des queues ne restaient pas aussi raides aussi longtemps au rythme qu’ils lui avaient imposé.

Elle l’avait désirée cette séance, oui mais pas comme ça. Elle en avait lu des témoignages tellement différents de l’expérience qu’elle venait de vivre. On y faisait mention de pluralités, viriles certes, mais toujours attentionnées. Et ce n’était pas du tout ce qu’elle avait ressenti. Elle n’avait ressenti que l’égoïsme de personnes venues ici pour leurs propres sensations et qui ne s’étaient pas souciés des siens à elle. Pas un pour la soutenir pendant que, déséquilibrée par une levrette sauvage, elle se brûlait les genoux jusqu’au sang sur la moquette. Pas un non plus pour l’essuyer, ne fût ce qu’un peu, après une énième décharge en plein visage. Par contre ils avaient été présents pour la fesser, la triturer, lui tirer les cheveux, pour laisser libre court à leurs plus bas instincts.

Ça avait fini par s’arrêter et, aidée par une poignée de cachets qu’une « bonne âme » lui avait mise au creux de la main, elle avait sombré rapidement dans un sommeil refuge et sans rêves. Mais à son réveil, même si elle avait un peu moins mal à son corps, les bleus à l’âme commençaient à ressortir. Elle savait que ses meurtrissures finiraient par disparaître. Enfin celles du corps. Celles que le temps et quelques soins guérissent toujours. Pour ce qui se passait dans sa tête par contre, ce serait une autre histoire. Elle avait quand même été confrontée à ce que l’humain compte de plus vil comme comportement. Et ce qui était le plus insupportable c’était que ça s’était passé sous les yeux complices et concupiscents de celui pour qui elle aurait tout fait. Non seulement il n’avait rien fait pour arrêter cette sordide pantomime mais il avait pris du plaisir à l’encourager. Le plus bestial de tous ça avait été lui finalement. Et ça c’était trop difficile à supporter. 

Alors, quand, elle reçut son message lui disant qu’il venait la chercher dans une heure et qu’elle devrait l’attendre comme il se doit elle ne réfléchit pas longtemps. Elle fila prendre un bain chaud et plein de mousse, comme pour se laver de tous ces affronts. Puis se sécha et coiffa sa longue chevelure rousse. Et enfin, à l’entrée de la chambre,un peu à l’écart, l’attendit. Une lourde compression de bronze à la main.

La Plage

L’océan s’était bien refroidi depuis les dérèglements des courants marins et, en sortant de l’eau, ma queue ressemblait à un escargot rabougri. Dommage. Car j’aurais bien fait mon casse croûte de la femme qui m’observait depuis mon arrivée à la plage naturiste. Et voilà qu’un rival, sûrement son compagnon, et qui, lui, semblait doté visiblement d’un chibre en parfait état de marche, venait de poser sa serviette à côté de feu ma conquête. Ne me restait plus qu’à faire mauvaise fortune bon cœur. Et à profiter sans trop brûler des rayons du soleil rendus plus agressifs par le rétrécissement de la couche d’ozone. Je m’allongeai donc sur le ventre, histoire de ne pas exposer ma virilité rétrécie à d’éventuels regards.

J’observais mon couple depuis quelques minutes. quand, après quelques palabres ils se levèrent et vinrent dans ma direction. Comme ils s’approchaient, je pus constater à quel ils étaient beaux tous les deux. Et même si pour le moment mon sexe restait désespérément congelé, je sentais mon anus se réchauffer au rythme spasmodique de frissons qui n’étaient pas totalement dus au froid.

Tout n’était donc pas perdu. Ce que Monsieur me confirma d’un index décidé à peine les salutations d’usage échangées. Parfaitement détendu à présent, je le laissais maintenant m’explorer plus avant en relevant légèrement les fesses tandis que je sentais une nouvelle chaleur sourdre sous mon ventre.

Au bout d’un moment, Monsieur dut juger que j’étais à point car il me saisit virilement par les hanches pour m’asseoir sur son abdomen. Nos membres en étaient presque à se toucher et Madame s’en empara d’une bouche goulue et salivante à souhait qui me rendit immédiatement toute ma vigueur.

Ce fut semble-t-il le signal qu’ils attendaient. Monsieur me souleva avant de m’empaler. Sous l’effet de cette prise, je basculai mon dos sur son torse, ce qui eut pour effet de me faire pointer vers le ciel. Ce dont profita Madame pour s’asseoir sur moi, emprisonnant ma verge au fond de son cul.

Monsieur nous imprimait son rythme depuis le bas et elle depuis le haut. J’étais donc le vecteur de leur baise et c’était une sensation nouvelle pour moi, que j’adorais. Je faisais donc de mon mieux pour répercuter les mouvements de l’un sur l’autre et tâchais même d’apporter ma pierre à notre édifice mouvant. Écartelé par Monsieur et pilonnant Madame, j’étais maintenant parfaitement réchauffé et je crois que mes nouveaux amis l’étaient aussi. Nous transpirions même. Et les parfums mêlés de nos sueurs donnaient une dimension encore plus animale à notre baise. Nous n’étions plus qu’une sorte de bête obscène à six pattes et, perdus dans notre jouissance, avions oublié jusqu’au lieu de notre rencontre.

 C’était heureusement en basse saison et nous n’eûmes pas à subir les foudres de quelque touriste ou autre promeneur, atteignant notre plaisir dans toute la quiétude nécessaire à la folie de nos ébats. Madame fut alors copieusement arrosée par nos jets convergents.

Puis vint le moment du rinçage de nos humeurs mêlées et nous piquâmes une tête dans les rouleaux.

Et, curieusement, je trouvai l’eau bien meilleure qu’à ma première baignade.

The persuader

Ses chances étaient infinitésimales. Et pourtant elle était parvenue à ses fins avec son partenaire du moment, preuve s’il en fallait encore de son Incroyable pouvoir de persuasion. J’en avais pris conscience lors de nos conversations sur messagerie, n’ayant eu envie de lui refuser aucun gage quand, lors de nos jeux, elle m’en avait donné. Et j’avais même systématiquement été tenté d’aller au delà. Cette femme, d’apparence fragile, était capable de mener son affaire de main de maître et je n’attendais que l’occasion d’en prendre la pleine mesure dans l’intimité. Et ce que je venais d’apprendre avait décuplé cette envie.

Un si bel été…

Mardi vingt-trois. Voie C, anciennement quai numéro trois. Nos chemins viennent de diverger. Ses vacances continuent et elle retourne au bord de la mer. Les miennes, trop courtes, sont déjà terminées.

J’emporte dans ma valise le souvenir léger de nos balades sur la plage, de ce baiser que je lui ai volé sur la jetée du port. Et celui, plus profond de cette étreinte furtive et silencieuse dans son studio cabine tandis que, à deux pas, ses voisins l’attendaient pour l’apéritif.

Nous nous reverrons bientôt. Ou peut-être jamais. Qui peut connaître l’avenir ? Mais le mien se nourrira de ce passé

 

https://youtu.be/K1Ix_a190jE

 

Addiction

Il adorait ces moments où, les jambes largement écartées, elle lui offrait son sexe. Il était accro à son goût et, s’il ne devait lui rester qu’une seule passion, ce serait de s’abreuver de ses sucs jusqu’à l’ivresse de leurs sens. Il avait toujours été sensible à la saveur de ses partenaires et, avec elle, il lui semblait être arrivé à son Graal. D’autant plus qu’elle ornait son pubis d’un buisson dont elle entretenait savamment le désordre pour son plus grand plaisir. Alors il s’abandonnait à cette nouvelle dépendance sans la moindre limite.

Elle était moins nocive que les précédentes.

 

La Bulle

Tout s’était tellement bien passé. Cette fois elle l’avait accueilli à son domicile. Il savait que c’était son sanctuaire. Il avait été touché par cette attention

Tout ne fut que douceur durant ces moments passés ensemble. Ils ne savaient pas faire l’amour ensemble d’une autre manière et ça leur convenait. Elle aimait sa virile tendresse et il le lui rendait si bien. Et, au delà du plaisir qu’ils se donnaient, étaient le temps et l’attention qu’ils s’accordaient et qui comptaient tant pour eux.

Ils venaient de s’offrir quelques heures de paradis. Et elles les accompagneraient dans l’enfer de leur routine.

Voyage…

L’impatience grandit alors que, dans le train,

Je n’ai jamais été si près de te revoir

Et tandis qu’impassible il roule dans le soir,

Je me prépare à nos retrouvailles. Serein.

****

Bientôt je serai blotti au creux de tes reins. 

Viendras-tu dans les miens ? Je veux apercevoir

Ton abandon, le mien, nouveau morceau d’histoire

Entre nos deux corps et nos âmes, hélas trop loin.

****

Ça ne durera qu’une nuit. Au petit jour 

Viendra le temps des au revoir. Déchirement

Que nous savons inéluctable. Comme toujours

****

Mais nous garderons l’œil sur le prochain moment

Que les circonstances pourront nous accorder.

Et nous nous reverrons bientôt. C’est décidé ! 

La Dame sans âge

Elle est de celles que j’aurais bien vues à la cour d’Henri IV pour sa sensualité débridée et sans complexes. Une de celles dont un peintre baroque n’aurait cessé de faire des nus tant sa peau a la faculté de capter la lumière. Et elle serait restée intacte pour arriver de nos jours, nourrie de l’énergie sexuelle de tous ceux qui l’ont aimée à travers les siècles.

Me voilà pris à mon tour. Mais ne serai-je qu’un amant de passage ? Ne lui servirai-je qu’à franchir cette époque ? Serai-je un élu qu’elle entraînera dans son immortalité ?

Elle seule a la réponse.

Faim

Cette envie d’elle qui le tenaillait. Presque depuis le jour où elle était entrée dans sa vie. Par un suivi presque anodin sur les réseaux sociaux. Puis des likes échangés. Ils en étaient vite venus à s’écrire et il en mesurait à présent les conséquences. L’énergie dont elle faisait preuve l’avait rapidement conquis. Et aussi la liberté qu’elle avait prise de glisser sa langue dans sa bouche dès leur première rencontre. Il devait se rendre à l’évidence. Il aimait ça, cette façon de parvenir ensemble à accorder des rythmes si différents. Il en était troublé. Il savait que c’était réciproque

 

Au poil

Il avait vu pousser sa toison au fil des jours. Elle était devenue anarchique mais il aimait cette sauvagerie qu’elle lui offrait au lever.

Et puis elle lui avait annoncé son son rendez-vous chez l’esthéticienne. Il en avait frémi. Allait-il voir anéanti ce luxuriant buisson ? Son sexe devenir banalement glabre ? Il l’avait suppliée de renoncer à ses projets. Mais elle s’était montrée inflexible. Elle irait, quoi qu’il en dise.

Sa journée fut longue et il se perdit en conjectures. Jusqu’à cette photo : le buisson avait juste été mieux délimité et les lèvres dégagées. Il en soupira de soulagement. D’envie aussi.