Une rencontre impromptue

Image Renaud Camus on Flickr

Le trajet n’est pas long. Je dois pourtant faire une pause sur une aire d’autoroute pour évacuer un trop plein de café. 

Les toilettes ont bien changé. Fini, les murs constellés de messages obscènes, elles sont devenues presque trop sages. 

Enfin, à bien y regarder, je finis par trouver une « petite annonce ». Elle doit être fraîche si j’en crois les parois récemment repeintes. Il s’agit d’un homme qui veut offrir sa femme à un inconnu. Je souris. Qui croit encore à ce genre de choses ?

Je photographie quand même le graffiti avant de sortir. La lubie de contacter son auteur m’a pris. C’est sûrement une connerie mais j’ai toujours eu envie de savoir ce qu’il y avait derrière le miroir de ce genre de textes. Et, au pire, je passerai pour un idiot. 

J’envoie donc un message. La réponse ne tarde pas. On me donne rendez-vous à l’endroit de l’annonce dans une dizaine de minutes. Il fait jour et  l’endroit est passant. Le risque est donc mesuré. Je réponds donc que j’attends et me poste à proximité des toilettes. Mon rendez-vous attendra. 

La ponctualité fait partie des qualités de ces gens car, à l’heure dite, je vois arriver un couple qui scrute les alentours. Je leur donne une bonne quarantaine. Ils n’ont rien de particulier si ce n’est le collier de cuir qui ceint le cou de madame.

Je leur fais un signe de la main. Ils s’approchent, tout aussi intimidés que moi. Les salutations sont brèves avant qu’elle n’entre dans les toilettes pour homme tandis qu’il se poste pour faire le guet. 

J’entre à mon tour. Elle s’est mise à genoux à côté des urinoirs et s’est dépoitraillée. Je m’approche. Elle défait ma ceinture et ma braguette avant de baisser pantalon et boxer. Puis elle s’empare de ma queue. 

Et là tout change. J’oublie le lieu et le fait que l’on puisse nous surprendre tant sa bouche est un fourreau de velours. Elle m’aspire avec une douceur infinie et me fait aller de ses lèvres au fond de sa gorge avec une sensualité qui détonne compte tenu des circonstances. Ce n’est pas la première fois que je me fais sucer. Mais je ne l’ai jamais été ainsi à ne savoir si je vais jouir tout de suite ou jamais. C’est comme si des ondes de chaleur liquide entouraient mon sexe.

Je souffle. Je gémis. Et m’accroche à ses tempes. Elle accélère et me masse à présent les couilles et le périnée d’une main qui n’a rien à envier à sa bouche.

Je ne vais pas tenir plus longtemps. Je le lui dis, presque dans un cri. Elle me dirige alors vers sa poitrine que j’inonde vite à grands jets. 

Elle se relève après avoir à peine pris le temps de se recouvrir et sort. Je me rajuste à mon tour et gagne le parking. Je constate, une fois dehors, que mes inconnus ont disparu. C’en est presque irréel.

J’ai quand même le souffle court et les jambes flageolantes au moment de monter dans ma voiture. 

Il est temps de repartir. J’ai du mal à croire à ce qui s’est passé

– Merci 

Ce petit mot vient d’apparaître sur mon écran, d’un numéro que je ne connais pas.

Je n’ai donc pas rêvé.

Lettre 4

Lettre 3

Ma Chère Amie, 

 

C’est en alexandrin que je voudrais Vous dire 

À quel point Vos écrits me font le plus grand bien

Ce ne sont que des mots, peut-être, presque rien 

À Vos yeux. Pour moi ils sont source de plaisir 

 

Parce Vous manquez à mon âme éprise. 

Alors quand mon téléphone me notifie

Quelque chose de Vous, de joie je suis empli

Et mon cœur fait des bonds au creux de ma chemise. 

 

La sensualité de ce que je reçois. 

Met aussi tout mon corps en tension, en émoi

Je voudrais le prouver, je n’ose cet envoi 

 

Votre Dévoué. 

Lettre 5

Virtualité (6)

Elle est sur mon écran. Nue. C’est la première fois qu’elle m’envoie ce genre de photo. Nous nous étions contentés jusqu’à présent de flirter par écrit mais je crois que ce que nous vivons actuellement nous a précipité dans quelque chose de plus charnel, même si, paradoxalement, nous ne pouvons l’exprimer que par la virtualité.Cette atmosphère de fin d’époque a, je crois, décuplé nos appétits et nous avons désormais besoin de nous voir dans un contexte plus cru.

Je n’aurais pourtant pas cru que ce soit elle qui commence. Je m’attendais plutôt à ce qu’elle me fasse la demande de tout ou partie de mon anatomie. Je me serais acquitté de cette tâche avec plaisir. Mais, finalement, c’est elle qui tire la première salve de photos tout en me glissant à mots de moins en moins couverts ce qu’elle attendrait de moi si nous pouvions être ensemble. Et je dois reconnaître que sa version de l’Origine du Monde reçue il y a quelques minutes a de quoi susciter le désir. Et l’embrasement du bas de mon corps, que je ne peux décemment pas lui monter sans qu’elle ne l’exige, cette tension qu’elle a générée dans le bas de mon ventre par ces quelques clichés en sont la meilleure preuve. 

Je lui en fais part en réponse tout en lui décrivant comment je ferais d’elle un festin de Roi. Elle s’est presque excusée de n’être plus une jeunette. Il faut que je lui dise à quel point le vécu qu’elle me montre de son corps est plus attirant à mes yeux qu’une juvénile fraîcheur. Et que la maturité des courbes de son corps m’appelle tellement à la caresse.

Rassurée, elle me demande de la guider par mes mots. Elle veut que ce soit moi qui la fasse jouir, là, maintenant via les directives qu’elle attend de moi et que ses doigts suivront.

Lettre 2

Lettre 1

Ma Chère Amie,

J’ai bien reçu Votre réponse à mon invitation. Veuillez me pardonner le temps que j’ai pris pour prendre la plume à mon tour mais il m’a fallu reprendre mes esprits après Votre envoi.

Quand je Vous ai parlé d’échanges coquins via messagerie j’ignorais que Vous en maîtrisiez autant les arcanes. Pour ce qui est de la plume autant que de l’objectif. La muse de la poésie érotique semble posée sur Votre épaule et Votre sens de la composition ferait rougir Just Jaeckin. 

Je vais faire de mon mieux pour être à Votre hauteur.

Soyez indulgente

Votre Dévoué.

Lettre 3

Sonnet virtuel

Il faut raison garder. Prendre de la distance 

Et se montrer patient. Se voir n’est pas un bien 

Pour les jours à venir. Cela n’enlève rien 

Aux possibilités de nouvelles jouissances 

****

La virtualité entre donc dans la danse

Rester chez soi OK. Mais avec les moyens 

Pour que rester chez soi ne devienne un frein 

Aux relations intimes. Continuons la transe

****

L’heure est grave c’est vrai. Il faut se protéger 

Mais il faut toutefois savoir rester léger 

En mœurs et avec son prochain prendre plaisir 

****

Une cam. Des jouets. Connectés ou bien pas,

S’amuser sous ses yeux, dévoiler ses appâts 

Pour que l’autre à son tour voit croître son désir.

En vers. Et contre tous

Tu as le bras si fin qu’il pourrait pénétrer

Dans mon cul. Mais hélas tu es tellement loin

Nous en parlons pourtant. À chercher le moyen

D’être enfin réunis. Et puis de perpétrer

Ce que d’aucuns diraient être abomination

Un anus n’est pas fait pour être ainsi rempli

C’est à leurs pauvres yeux la morale abolie.

Ils ne comprennent pas quelle est notre passion

Et s’il n’y avait que ça. Tu es jeune et moi vieux

Au point qu’on te croirait être ma descendance

Cela n’est rien pour nous et c’est là notre chance

Enfin de faire taire enragés et envieux

Car si tout dans ce monde est fait pour éloigner

Les gens de mon espèce et celles comme toi

Nous nous moquons bien qu’on nous montre du doigt

Et notre passion finira par gagner.

Qu’ils nous acceptent ou pas ce n’est pas important

Ce qui compte au final c’est que nous puissions vivre

Enfin ce qui nous lie. D’aimer à en être ivre

Et de jouir l’un de l’autre. En prenant notre temps

Afficher au grand jour nos vices et nos écarts

Enfin heureux et libres au milieu de nos pairs

Tu voudrais me fister ? Je peux être ton père ?

On l’aura bien un jour ce satané rencard !

#Toi (7)

J’ai tenu ma posture et tu reviens vers moi. Un mouvement de reins et tu reprends ta place. Tes coups te font entrer, sortir tout entière. Je me sens si ouvert. 

Mais tu en as assez et souhaites d’autres jeux. Tu t’enlèves de moi, me fais mettre à genoux. Tu t’es désenharchée

— Je suis toute trempée, nettoie-moi tout cela. 

Je vois ton sexe luire, appelant mes lampées. Alors je m’exécute et plaque mon visage à ton pubis auburn. . 

Tu me guides des mains et aussi de la voix. 

— Mes lèvres, lèche-les ! N’oublie pas mon bouton !

Ton vœu est ma passion. 

 

#Toi

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Tu entres.

Tout s’arrête.

Je ne sais pas pas pourquoi mais, partout où tu passes, le silence se fait et les regards plongent vers le sol. Tu leur fais certainement peur.

Pas à moi. Mes yeux dussent ils brûler, je ne peux pas me détacher des courbes de ton corps. Ni de tes yeux.

Et c’est sans doute ce qui te plaît en moi. Ce qui a fait que tu m’as choisi. Cette dévotion inconditionnelle mais dénuée de crainte.

Tu glisses jusqu’à moi et me prends par la main.

— Viens.

Tu vas me baiser.

Je suis totalement incapable de refuser.

#jeudisonnet

Ton vagin détrempé d’où coule la cyprine

A un effet puissant pour mon membre dressé

Qui, dans tes douces mains, se laisse caresser.

J’aime entre tes longs doigts faire jouer ma pine

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Sur mon gland à présent tu joues de tes babines

Avec lenteur. Je crois que tu n’es pas pressée

De me faire jaillir. Est-il dans tes pensées

Le programme sensuel auquel tu me destines ?

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Tu ne joues plus et l’air soudain semble rempli

Du désir que tu as de te faire baiser.

Je viens, de mon engin, tes contours épouser.

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Tu rugis à présent que je vais et je viens

Au plus profond de toi pour te faire du bien

Et toute autre notion semble alors abolie.

Une contrainte brûlante de 2018

Contrainte : brûlure, arabesques, archet,  gammes, scalpel, stigmates, cravache, complice baguette.

 

Que la brûlure de Vos coups était douce à mes yeux. La cravache était Votre archet, moi Votre instrument. 

J’ai aimé Vous sentir faire Vos gammes sur mon corps en de savantes arabesques aussi précises qu’un trait de scalpel.

Et cette baguette dont Vous avez usé également. . Elle devait être magique. Car je me sens intimement transformé depuis son application. 

Alors peu importent les stigmates. Ils disparaîtront tôt ou tard. Pas le souvenir de Votre regard complice quand je suis arrivé au bout du décompte de ce que Vous m’aviez promis. 

Vous étiez fière de moi et j’en étais heureux.

 

Les oulimots du 4 mars 2018