Il doit faire grand jour alors que j’ouvre péniblement un œil. C’est en tout cas ce que me dit la lumière qui perce à travers les volets. J’essaie de rassembler mes esprits, même si une migraine atroce me vrille le crâne.
Un premier regard circulaire me rassure un peu. Au moins je suis dans ma chambre. Parce que je n’ai aucun souvenir de comment j’ai pu y arriver. La dernière chose dont je me souviens c’est cette fille avec qui je m’étais chauffé il y a quelques jours, qui tenait absolument à me rencontrer « parce que je suis fan de tes œuvres » et que je suis allé rencontrer dans un bar hier soir. Alors oui, nous avons pas mal picolé. Mais de là à ce que ça me provoque un trou noir pareil…
Mon mal de tête me donne la nausée. Il me faut un cachet. Je me lève. Ça tangue encore alors que je me dirige vers la salle de bain. La cuvette des WC me fait de l’œil pendant un bref instant. Je résiste et essaie d’avaler un Doliprane. J’ai la bouche trop sèche et ça ne suffira pas. Alors je fais fondre un comprimé de citrate de bétaïne dans le verre qui me sert usuellement à ranger ma brosse à dents. Je manque tout rendre. J’ai vraiment pris une cuite incroyable on dirait. Et pourtant j’ai la sensation diffuse d’être revenu ici sur mes deux jambes. Mais alors que s’est-il passé ensuite ?
Je comprends tout quand je rentre dans le salon. Il y règne un désordre indescriptible et ça pue un mélange d’herbe froide, et d’alcool éventé. Nous avons dû nous finir chez moi. Mais ça sent aussi le stupre et la fornication. Et il y a une culotte sur la bouteille de bourbon qui trône sur la table basse. Nous avons donc baisé ? J’espère qu’elle en garde un bon souvenir. Parce que moi…
Il y a aussi un mot.
Cher ami,
Je voulais savoir si tes actes étaient à la hauteur de tes œuvres. J’ai eu un peu peur d’être déçue au début tellement tu étais réservé. Alors quand nous sommes allés chez toi j’ai tenté ma botte secrète en sortant de mon sac le Jack qui ne me quitte jamais. Et là, au bout de trois verres, tu es devenu un autre. Tu as commencé par déclamer des vers tellement crus que j’en ai mouillé ma culotte. Je te l’ai dit. Tu t’es agenouillé devant moi et tu me l’as arrachée. J’ai défait ton pantalon. Tu bandais. Un peu mou certes mais je t’ai vite fait reprendre vigueur avec ma bouche. Tu me l’as d’ailleurs littéralement baisée avant de me basculer sur le canapé et de t’occuper de ma chatte. Tu m’as d’abord fait miauler. Puis crier. Je ne sais pas si c’était l’alcool mais tu semblais ne jamais pouvoir t’arrêter de me limer. Il me fallait faire une pause, j’étais trop échauffée. Tu ne l’as pas vu ainsi et, le temps que mon sexe refroidisse, tu m’as proposé de t’occuper de mon cul. Nous sommes repartis pour une nouvelle cavalcade. Tu as improvisé une ode à la sodomie pendant que tu me besognais.
Et puis tu as eu envie d’un nouveau verre. Celui de trop. Il t’a foudroyé net. Alors je suis allée te coucher. Je vais te laisser, je n’aime pas finir ma nuit avec un garçon la première fois. Mais je suis heureuse de t’avoir découvert. Surtout ta part d’ombre.
Bisous.
Viviane.
P. S. Tes vers sont gravés dans ma tête. Pas sûre qu’ils soient restés dans la tienne. Si tu veux les récupérer, tu sais où me trouver.