Génuflexion

Je la surplombe maintenant et  n’ai plus qu’une idée en tête : me jeter sur elle afin que nos corps ne forment plus qu’un, réunis dans l’unisson de leur plaisir. 

Je décide pourtant d’y surseoir et de m’agenouiller tout doucement sur le tapis, de sorte que mes lèvres viennent de poser sur le bas de son ventre.

Nous restons ainsi immobiles, sans dire le moindre mot. Quelques secondes qui semblent une éternité avant que, avec une tendresse infinie, elle ne guide mon visage jusqu’à son sexe. 

Le parfum de son désir est à la fois marin et musqué. Je m’en enivre. 

Pénombre

Je vais pour la rejoindre, elle m’a rendu fou. Mais elle éteint et part, ombre dans le couloir. Tout est sombre chez moi. Où s’en est-elle allée ?

J’entends soudain sa voix.

  • Je ne suis pas très loin. Trouve-moi et alors je serai toute à toi. 

Cela vient du salon. Je m’y rue, prêt à tout. Elle est dans la pénombre,allongée sur le dos et les jambes écartées pendant sur le tapis. Je distingue ses doigts qui jouent entre ses cuisses et sa respiration s’est d’un coup saccadée. 

  • Je t’ai trouvée je crois. 

Je souris, triomphant. 

  • Viens vite alors Chéri. 

Ombre chinoise

Après avoir ouvert le garage elle esquisse quelques pas de danse qui font virevolter sa robe et m’offrent alternativement une vue imprenable sur ses fesses et son sexe. Quiconque passerait dans la rue pourrait la voir. Cela n’a aucune importance tant elle est naturelle dans son impudeur.

Elle finit par disparaître à l’intérieur, non sans m’avoir adressé un petit signe de la main pour m’inviter à la suivre.

Lorsque, une fois le moteur coupé, je descends de la voiture, je vois sa silhouette se découper à contre-jour dans la porte qui mène au reste de maison.

Sa robe à disparu. 

Ouvrir la porte

Nous arrivons devant la porte de mon garage et je dois, à regrets, abandonner la douce moiteur de son entrejambe pour aller ouvrir. 

Elle me retient par le bras au moment où je vais sortir de la voiture. 

  • Donne-moi tes clés, je m’en occupe. 

Elle ne me laisse pas le loisir de répondre et les cueille dans le vide-poches.

Comme dans un rêve, je la vois se pencher vers la serrure et m’offrir le spectacle de la brise du soir qui joue avec le tissu léger de sa robe.

Une risée la trousse jusqu’à la taille. Elle semble s’en moquer. 

Traversée

Le reste du trajet se déroule dans un silence à peine troublé par les bruits extérieur de la circulation. Mais la tension sensuelle qui s’est installée entre nous depuis que nous avons quitté la gare se passe de toute conversation.

Je conduis d’une main et bénis l’inventeur de la boîte automatique. L’autre est maintenant nichée très haut entre ses jambes et j’effleure ses nymphes du bout de l’index. Elles sont très douces et je sens la rosée qui sourd d’elles les humidifier peu à peu tandis que se mêlent à son parfum les fragrances d’un désir croissant. 

  • Nous arrivons bientôt ? 

Dans l’arène

Mots contraints : bleu, machine, vouloir, fidélité, crier, tentation, scène, amis, relaxe.

— Relaxe-toi, nous sommes ici entre amis.

Ces mots de l’organisateur se veulent rassurants. Je ne parviens pourtant pas à être sereine en découvrant la scène. Partout où je peux poser le regard, il tombe sur un homme nu en train de me regarder en se masturbant, comme si j’étais la tentation faite femme.

Je me rappelle alors que je suis ici pour l’être. Pour être au centre de l’attention de tous ces mâles et qu’ils me fassent crier de plaisir. Alors toutes mes appréhensions disparaissent d’un coup. Ce n’est qu’un jeu après tout, autant le jouer à fond. 

Je m’allonge sur le lit king size qui trône au milieu de la pièce. Il est temps que j’endosse mon bleu de chauffe et que je devienne cette sex machine qu’ils attendent tous. 

Par fidélité à mon mari, je le laisse choisir dans quel ordre ils m’honoreront. Et il pourra même les amener à moi. C’est selon son bon vouloir. Mais il se contente de me présenter le premier et s’éclipse. Il restera spectateur. 

Je suis seule, ils sont dix. Peu importe. Ce sera moi la gagnante. Je respire un grand coup et prends la pose la plus confortable possible pour les accueillir. Je suis prête. Les choses sérieuses peuvent commencer.

Les autres oulimots

Trajets convergents

Nous montons dans la voiture. J’ai décidé de rallonger un peu le chemin du retour afin de lui montrer quelques unes des beautés de ma ville. Elle est ravie de cette visite guidée et semble me le faire savoir avec la pression de sa main posée très haut sur ma cuisse, juste un peu trop pour me laisser la moindre équivoque sur ses intentions.

Cette présence m’enhardit et, à l’occasion d’un feu rouge, je décide de lui rendre la pareille. Le grain de sa peau est doux sous mes doigts. 

  • Plus haut.

Sa robe est remontée et m’offre le passage 

Réflexion

Elle semble satisfaite de l’effet qu’elle me fait mais relâche rapidement son étreinte. 

  • Pas ici. Pas maintenant 

Je me sens tout à la fois frustré et soulagé par ces quelques mots. Si elle a réveillé la bête qui sommeillait en moi depuis bien trop longtemps, il aurait été dommage de la lâcher sur elle dans cet endroit. La peur d’être surpris est certes excitante mais je ne veux rien faire dans l’urgence avec elle. Nous avons deux jours pleins à nous consacrer l’un à l’autre et j’ai envie de prendre mon temps.

  • Nous serons mieux chez toi. 

Nous sommes d’accord. 

Contact

Il est temps de gagner ma voiture. Si j’en crois le langage de son corps contre le mien et la façon que ce dernier a de lui répondre, rester à découvert une minute de plus pourrait s’avérer extrêmement préjudiciable. 

Nous sommes dans le parking. J’ai à peine le temps de me retourner après avoir mis sa valise dans le coffre avant qu’elle ne se jette sur moi.

Sa langue fouille ma bouche tandis qu’une de ses mains me saisit l’entrejambe. Du feu liquide se met immédiatement à couler dans mes reins alors que ma queue se redresse sous ses doigts. 

Premier baiser

Je m’approche un peu plus d’elle jusqu’à sentir son parfum. Je reconnais des notes de pamplemousse et de bergamote. Ce mélange acidulé et dynamique me remplit de joie. Il y a de la gaieté dans cette fragrance. 

J’ose plonger jusqu’à son cou pour y déposer un baiser. Elle ne m’en laisse pas le loisir et ses lèvres happent les miennes tandis qu’elle déploie ses bras autour de mes épaules.

Nos corps se sont collés et je sens sa poitrine qui s’écrase contre mon torse. Nous tanguons un moment sur nos pieds, esquissant une danse immobile au milieu des autres voyageurs.

(image mikyss / Flickr)