Hypothèse

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Dans quelques jours, dans un mois, dans un an, qui sait,

Nous serons, je l’espère, à nouveau réunis

Car, éloigné de Vous, je l’avoue, je m’ennuie

Et le temps ne semble pas pressé de passer.

****

Je me sens las, comme un pantin mou, désossé,

Attendant vainement le sommeil chaque nuit

Je Vous ai dans la peau. Je le dis sans déni,

Vous êtes souvent ma principale pensée.

****

Je caresse l’espoir que ce soit pour bientôt

De veiller avec Vous bien plus tard qu’il ne faut

Pour garder ma raison. Je Vous suis attaché

****

Alors, en attendant de Vous voir Mon Amie,

Je sème quelques mots. J’espère que parmi

Tout cela Vous aurez de quoi Vous pourlécher.

Zone commerciale

Photo by François Penilleault on Flickr

Tu n’as pas eu l’air de remarquer l’attention que je te portais, perdu dans l’anonymat de ce grand magasin.

Nos chemins se sont pourtant croisés souvent. Tu semblais absorbée par la contemplation des rayons. Dommage…

Mais, alors que je passais en caisse, j’ai senti un contact au niveau de mes fesses. Je me suis retourné : c’était toi et j’ai lu la promesse d’étreintes passionnées dans le regard que tu m’as lancé.

Il nous fallait hélas regagner nos vies respectives . Par bonheur, je sentais dans ma poche arrière la présence rassurante de la carte que tu y avais glissée.

À bientôt.

L’espace d’une nuit

Elle est nue, allongée sur le king size qui trône dans la suite qu’il a réservée pour la circonstance. C’est leur première fois et, pour rien au monde, il ne voudrait que la fête soit gâchée. Alors il a tout prévu. Depuis le bouquet de fleurs pour l’accueillir à sa descente du train jusqu’à l’immense chambre de cet hôtel dont on lui a vanté l’efficacité et la discrétion du room service. En passant par le VTC dont la noire berline allemande les a transportés jusqu’à destination dans un silence feutré, bien à l’abri des rumeurs de la ville.

Elle le regarde, l’air ravi. Pour le moment tout s’est passé comme dans un rêve et elle n’attend plus que le moment où elle pourra s’abandonner aux caresses de ses mains ou de sa bouche. Il n’a, quant à lui, pas l’air d’être pressé et se contente pour l’intant de s’abandonner à la contemplation des courbes de sa partenaires. Il est vrai qu’elle est belle dans sa maturité. Elle n’a certes plus la plastique arrogante de ses vingt ans. Mais le temps lui a conféré un indéniable supplément d’âme en arrondissant ses pleins et ses déliés. Elle les croit pourtant alourdis. Il va tout faire pour l’en détromper.

A commencer par une séance de photos. Il veut l’immortaliser sous toutes ses coutures. Pas au smartphone, non, ce serait lui faire offense. Alors il sort de l’ombre son reflex qu’il a pris soin de visser sur un trépied. La lumière a juste ce qu’il faut de douceur et il serait dommage qu’un flou de bouger ne dénature sa belle.

L’idée l’amuse. Elle va jouer les modèles et il sera son directeur. Elle commence par se redresser et, maintenant agenouillée, lui tourne le dos en se cambrant, la masse de ses cheveux soulevée libérant la gracilité de sa nuque. Elle est parfaite ainsi. Une vraie odalisque et, tournant autour de la scène, il la mitraille sous tous ses angles. Elle lui offre maintenant sa poitrine que ses bras en corbeille rehaussent légèrement. On n’entend que le bruit de l’obturateur. Leur complicité se passe de paroles. Elle semble savoir ce qu’il désire et il sait prendre ce qu’elle lui offre.  Et ils prennent leur temps. Jusqu’à cette revisite de l’Origine du Monde qu’elle lui propose, ses jambes ouvertes faisant apparaître la plénitude de son sexe à la toison naturelle. Il l’a voulu ainsi. Elle le lui a accordé. Elle n’aime pas voir ses lèvres glabres de toute façon. Est-ce cette façon qu’elle a eu de s’offrir ? Une tension sexuelle presque palpable semble avoir envahi la pièce. Elle respire un peu plus vite et se sent couler tout doucement sur les draps. Quant à lui, ses yeux ont pris un éclat presque amoureux et la bosse de son sexe tendu déforme maintenant son pantalon

Il est temps de faire une pause. La séance a duré un moment et il faut se restaurer. Il est tard mais, comme par magie, un plateau de victuailles a fait son apparition. L’établissement est à la hauteur de sa réputation se dit-il. Ils prennent place de part et d’autre de la table. Elle est restée nue et, afin qu’ils soient à égalité, lui a proposé de se dévêtir. C’est donc dans le plus simple appareil qu’ils picorent, se donnant mutuellement la becquée. C’est touchant.

Et puis, subitement, leurs expressions changent. L’affection un peu amusée de leurs regards fait place à un désir animal. Ils se veulent maintenant, peau contre peau, ventre contre ventre. Et c’est avec une autorité qu’elle ne se connaissait pas qu’elle l’entraîne sur le matelas.

Elle ouvre les jambes à l’équerre. Il voit maintenant sa vulve luire. Mais il ne veut pas la pénétrer. Pas encore. Il a soif de sa source. Alors il s’agenouille entre ses cuisses et prend délicatement ses grandes lèvres entre ses dents et les aspire. Elle se tend, arque son corps et un gémissement lui échappe. Il sait qu’il est dans le vrai. Il ne va pas la laisser ainsi. Alors, pendant un long moment, il va jouer de ses doigts et de sa bouche sur son sexe, alternant puissantes succions, légers aplats de langue et mordillements. Mais toujours avec une infinie délicatesse. Jusqu’à ce qu’elle crie son plaisir et broie ses tempes dans un mouvement spasmodique. Et puis son corps se relâche. Il se relève alors sur ses coudes et l’observe. Elle est rouge, échevelée et ses yeux brillent. Elle prend son visage entre ses mains et le tire à elle.

— Viens ! 

Il bande toujours, presque douloureusement. Et soudain il pense aux préservatifs qui sont restés dans la salle de bain. Pas question de briser ce moment en se levant pour aller chercher les capotes. Il lui lance un regard désolé.

— Je ne… On ne va pas faire sans, si ? Je ne voudrais pas…

Elle prend à présent ses hanches et le fait asseoir à califourchon sur son ventre. Il a son érection dans le sillon de ses seins.

— Pour ce que je veux de toi maintenant nous n’en avons pas besoin. Ce sera sûrement l’objet d’un autre round mais, là, je te veux sur moi. Pas dans moi.

Elle s’est légèrement redressée et, calée par les oreillers tète délicatement son gland en faisant rouler sa hampe contre sa poitrine. C’est plus qu’il n’aurait jamais osé espérer. Elle n’est pas de ces filles qui croient qu’une bonne pipe passe avant tout par l’absorption de tout le membre et une aspiration Dyson. Bien au contraire. Il ressent tout le plaisir qu’elle peut prendre à l’avoir dans sa bouche et à faire monter son excitation. La voilà maintenant qui l’enserre de ses globes entre lesquels il coulisse doucement. Avant de lui agacer de nouveau le frein du bout de ses dents.

Il sait qu’il ne résistera pas très longtemps à ce traitement et, déjà, un peu de sa rosée se met à perler de son gland. C’est le signal qu’elle semblait attendre. Alors elle le prend dans sa main et l’agite en le dirigeant vers ses tétons. Il rend les armes et l’inonde de grandes giclées de foutre épais. Elle doit être sorcière car il ne se serait jamais cru capable d’éjaculer autant. Elle est maintenant couverte de lui de la gorge au ventre. C’est alors qu’elle y passe l’index avant de le lui fourrer entre les lèvres. C’est la première fois qu’il se goûte depuis la peau d’une femme. Il aime. Alors il la nettoie de sa langue comme une chatte le ferait avec ses petits avant d’aller l’embrasser. Ils mêlent leurs salives à ses fluides. C’est bon.

Ils vont rester longtemps enlacés, avant que le sommeil ne les gagne. Et puis quand il se réveillera elle aura disparu. Une autre vie l’attend dont il ne fait pas partie.

Elle aura été le songe de cette nuit d’été. Il ne l’oubliera pas. Et la carte SD de son appareil l’y aidera. Longtemps.

Welcome to Wonderland

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Mots contraints : Chat chapitre challenge chapeau chameau châtaigne chaud chasse chiot

 

Il ouvrit péniblement l’œil gauche. Le droit refusant obstinément de le faire. Au loin, dans les ténèbres, un sourire lumineux semblait se dessiner par intermittences. OK, il était au Pays des Merveilles et le Chat de Cheshire veillait sur lui. Il se rendormit

Pas pour très longtemps. En fait de sourire c’était un judas qu’on ouvrait pour le surveiller et, au lieu de cartes gardes, c’étaient deux costauds qui vinrent le chercher pour l’amener dans une pièce baignée cette fois d’une lumière aveuglante. Ils n’avaient encore pas échangé le moindre mot ni posé la moindre question. Mais les châtaignes se remirent à pleuvoir. Et ces chameaux savaient s’y prendre pour faire mal.

Tout lui revint alors. Cette soirée où, l’alcool aidant, il s’était comporté comme un jeune chiot. À pisser dans tous les recoins comme pour marquer son territoire. Et surtout à vouloir systématiquement renifler le cul des dames de l’assemblée, qu’elles le veuillent ou non. Il était en chasse et il ramènerait un trophée. Quel qu’en soit le prix.

Et il était en train de le payer. Car ça n’avait visiblement pas plu au maître de maison. Un oligarque qui avait pour souci d’éviter les scandales et aux yeux duquel son jeu de chaud lapin était apparu comme déplacé, la soirée fût-elle libertine. Et à qui la reine de la soirée avait fini par demander sa tête.

Alors il avait été proprement escamoté et, de la partie fine, se retrouvait maintenant au chapitre punition de son grand livre mondain. Le challenge étant maintenant d’essayer de survivre jusqu’à que ses tourmenteurs estiment qu’il avait compris la leçon et le relâchent dans une ruelle sombre. Il avait compris qu’ils savaient qu’il n’irait se plaindre nulle part. Alors il fallait encaisser. Pour payer ses fautes.

Il se savait un certain chic pour se mettre dans des situations pas possibles.

Mais là, chapeau, il avait franchi un sacré cap.

Dévotion

Il est nu. Enfin presque. Ce qu’il porte le dévoile plus qu’il ne le couvre. C’est une invitation. À quoi ? À genoux, il l’attend.

Récompense ou bien châtiment ? Il l’ignore. Tout ce qu’il sait c’est qu’il n’est plus maître de son destin. Il le Lui a abandonné. Comme tout le reste. Il n’est plus qu’à Elle. Corps et âme.

Alors, quoi qu’Elle décide de faire de lui, il l’acceptera. Ce sera son plaisir de répondre à Sa volonté.

Sa dévotion n’a de limite que Ses exigences. Que le prix en soit élevé ? Ça n’a aucune importance. Il paiera.

Comptant.

Content.

Une rencontre (6)

 

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Elle lui a promis une visite éclair avant d’attaquer sa nuit de travail. Il a la chance d’être sur son trajet. Alors il l’espère. Il a même fait un brin de propre dans sa studette. Juste ce qu’il faut pour ne passer ni pour un ado attardé ni pour un maniaque du rangement. Il ne sait pas quand elle viendra. Ce sera sans doute une surprise, une décision au dernier moment. Il aime bien quand c’est improvisé, spontané. Et il l’aime bien elle aussi.

C’est par le biais d’une amante commune qu’ils se sont rencontrés. Chacun voyait les likes et les commentaires de l’autre alors ils ont décidé de se passer de l’intermédiaire de la TL. Qui a envoyé le premier DM ? Ce doit être elle. Il n’aurait pas osé. Mais peu importe après tout. Ce qui compte c’est qu’ils se sont immédiatement entendus. Et, même si leur discussion n’a jamais été brûlante, ils ont eu très vite eu envie l’un de l’autre.

Ils ont déjà eu l’occasion de concrétiser ce désir. Il était censé retrouver un follower au restaurant, elle lui a fait la surprise d’arriver à sa place. Cet abonné et elle sont liés de longue date, il l’ignorait. Il a été flatté de la confiance cet homme qui lui remettait sa compagne pour le début de soirée. Le temps de s’apprivoiser. Ce qui fut vite fait. Il a rapidement connu le goût de ses lèvres puis la couture de ses bas sous la table. Il a eu aussitôt envie d’elle. Il le lui a dit. C’était partagé s’est-il entendu répondre. C’est alors que Monsieur est arrivé. Accompagné par l’amante commune. Tout ce joli monde s’est embrassé à pleine bouche. Peu importait ce qui se passait autour. Ils étaient bien.

Le repas fut vite avalé. un véhicule les attendait. Ils s’installèrent le plus confortablement possible à l’arrière pour débuter leurs ébats. Le body fut vite déboutonné et ses doigts purent ainsi mesurer, à l’humidité de son sexe, l’envie qu’elle pouvait avoir de lui. Il était désormais à l’étroit dans son pantalon mais ça n’avait aucune importance. Seul comptait à ses yeux le plaisir qu’il pouvait lui donner durant le trajet. Alors il l’avait caressée, ne s’interrompant que lorsqu’un véhicule des forces de l’ordre s’était un peu trop approché. Ils étaient trop près du but, pas question de se faire coincer pour exhibitionnisme. Mais ce que la situation était excitante.

Une fois arrivés à destination, il put goûter directement à la source de son sexe ce qu’il avait déjà pu deviner en léchant ses doigts dans la voiture. Elle était douce, chaude, légèrement saline. Il s’était goinfré du festin de ses lèvres intimes et de son clitoris gonflé tout en jouant de ses doigts. Jusqu’à la sentir couler sur sa langue. Un jet légèrement plus chaud, un goût légèrement différent. Il était heureux qu’elle ait déchargé dans sa bouche, signe qu’elle avait apprécié le traitement qu’il lui prodiguait. Alors il n’avait eu de cesse tout le temps qu’ils avaient passé ensemble de lui donner le plus de plaisir possible. Le sien à lui comptait peu à ce moment.

Et puis était venu le temps de se dire au revoir. Enchantés l’un comme l’autre de cette première, ils s’étaient promis de recommencer dès que possible.

Et donc, depuis, chacun guette l’opportunité qui leur permettra à nouveau de jouir l’un de l’autre. Leurs agendas sont chargés mais ils essayent d’y créer des espaces. Ils sont confiants. Ce n’est qu’une question de temps. Il passera vite.

Manuscrit

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Pour cesser les non-dits j’ai écrit quelques mots.

En fus-je délivré ? Non, je ne le crois guère.

Seront-ils un jour vus ? C’est un épais mystère.

Tout au plus seront-ils un douloureux mémo.

****

J’ai voulu expliquer la nature des maux

qui font que, sans cesser, je m’enfonce, m’enterre

Un conflit de tranchées, abominable guerre

Où les comportements sont loin d’être normaux.

****

Ils sont posés. Attendent leur retranscription.

Je les veux sur papier, unique solution

Pour qu’un jour j’ai le cran de faire qu’ils soient lus.

****

Stylo, papier et affranchissement sont prêts.

Je n’ai plus qu’à avoir le courage. Et, après,

Attendre sans y croire un quelconque salut.

Conservez comme vous aimez. Mon impression

« On ne se rend pas compte de la suprématie des choses qui puent mais elles s’imposent »

Une phrase qui se décline dans nombre d’univers.

Et qui prend tout son sens dans la bouche de l’héroïne du dernier opus de Martine Roffinella : « Conservez comme vous aimez ».

Quoi de pire en effet que de se faire évincer par celle qui n’a pour elle qu’un pouvoir de nuisance ?

Une plongée dans la folie ordinaire des personnes auxquelles on prend tout et qui n’ont que des rites auxquels s’accrocher.

J’ai été happé. Au point de ne pouvoir le poser qu’à son dernier mot.

Courez-y.

Transports

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Mes pérégrinations parisiennes m’amenèrent ce jour à venir croiser dans Ses parages. Et cela occupa mes pensées dans le bus tout le temps que je me sus potentiellement sous Ses yeux.
Le nez collé à à la vitre, j’observais les immeubles, me demandant derrière quelles fenêtres Elle pourrait se trouver. Une des baies de ce grand bâtiment moderne ? Je n’y croyais guère, préférant associer à Sa classe naturelle les charmes haussmanniens que je croisais.
Je me perdis très agréablement en spéculations sur mon trajet. Et c’est ainsi, par la pensée, que Ma Dame m’accompagna sur le chemin de mon entretien.

Térébrante contrainte

Fragonardp

Jean-Honoré FRAGONARD : L’adoration des bergers, 1775

Mots contraints : cydalise, dameret, egrotant, térébrante, obvie, ocnophile, paraschiste, habitudinaire, strider

 

Cydalise râlait : elle se retrouvait depuis trop longtemps avec un dameret bien falot  sur les bras en lieu et place du chèvre-pied qu’elle était en droit d’attendre pour mener le bal. Et même pas bien portant. Plutôt du genre égrotant et catarrheux et à se plaindre en permanence de douleurs térébrantes.

Il était donc obvie qu’il était temps pour elle  de passer à autre chose et de trouver un mec. Un vrai. Son côté ocnophile probablement sauf que ce qui la rassurait c’étaient des bras et un torse virils et que ça la faisait généralement strider de bonheur.

Alors, après ça, le godelureau qui l’avait séduite par ses vers et qu’elle se coltinait depuis pourrait aller se faire embaumer. Elle connaissait d’ailleurs un excellent paraschiste qui prendrait soin de lui.

Elle était loin de son coup d’essai. Elle était habitudinaire dans sa consommation de mâles. A être attirée par les âmes puis leur préférer les corps. On ne la changerait pas. Et c’était très bien ainsi.