Possession

Je demeure interdit un instant, sans savoir que dire, avant de tenter de repousser la porte en bredouillant quelques excuses et en la priant d’attendre. Elle ne m’en laisse pas le loisir et, pressant le paquet contre mon abdomen, me pousse à l’intérieur.

C’est une fois que nous sommes hors de la vue des passants que sa furie se déchaîne. Elle me plaque au mur et se met aussitôt à dévorer ma bouche. Est-ce la passion ? Elle semble douée d’une force peu commune et, cela ajouté à l’effet de surprise, je ne parviens pas à me défendre.

Je n’y avais pas fait attention jusqu’alors. Mais elle est d’une taille sensiblement équivalente à la mienne et nos visages parfaitement parallèles m’interdisent toute retraite alors que sa langue tente de forcer le barrage de mes lèvres. Ses seins, que je sens lourds de désir, se pressent contre mes pectoraux et j’ai carrément l’impression que leurs pointes s’impriment dans ma chair à travers le tissu de son chemisier.

La voilà à présent tout enroulée contre moi vu qu’une de ses jambes vient de passer derrière mes fesses pour assurer sa prise. Elle est une femme lierre qui s’accroche à moi.

La surprise m’avait fait me raidir. Mon corps finit par se relâcher sous son éteinte, à l’exception de mon sexe qui se dresse à présent entre nos ventres.

Elle finit par reculer. Elle a un regard un peu flou.

    — Pardon !  Je ne sais pas ce qui m’a pris

    — Et moi donc ! Quelle mouche m’a piqué de vous ouvrir ainsi ?

Son visage s’éclaire à présent d’un sourire mutin

— Je l’ignore mais vous voilà atteint d’un bel oedème. Qu’il va falloir résorber.

Elle a saisi ma queue.

Distraction

Image Marleen Roelofs on Flickr

Je n’attends personne ce matin. Pas plus que personne ne m’attend. Et cela tombe bien. Je vais pouvoir prendre du temps pour moi. Et pourquoi pas aller paresser un peu au jardin ?

La Bialetti est en train de chauffer et, en attendant qu’elle ne chante, je regarde par la fenêtre ouverte. Le ciel est bleu azur, le soleil darde ses rayons et l’air est doux. Qu’il va être agréable de siroter mon café dehors dans un transat.

Je suis en train de m’en délecter d’avance lorsque j’entends frapper à ma porte. Ma première réaction est d’ignorer l’importun. D’autant plus qu’il me faut retirer la cafetière du feu avant que cela ne bouille et gâche ainsi mon blend de printemps et, par là même, mon plaisir.

Les coups recommencent. On insiste visiblement. C’est peut-être important finalement. Mais ma priorité reste de me servir une tasse avant d’aller voir ce dont il s’agit. Et c’est donc le breuvage à la main que je traverse le couloir entre la cuisine et l’entrée.

J’ouvre. C’est une factrice. Une nouvelle probablement, parce que je ne la connais pas. Elle tient un colis que je n’attendais pas et, bouche bée, se met à rouler de grands yeux alors que je la salue.

C’est quand, toujours sans dire un mot, elle pointe son index dans ma direction, que je réalise soudain : tout à ma rêverie matinale, je suis allé l’accueillir en peignoir. Et  je n’ai pas noué ma ceinture.

Fenêtre

Après l’exiguïté de mon studio, j’ai retrouvé un peu plus d’espace dans ma nouvelle vie. Mais il me manque mon petit balcon. Il offrait tellement de possibilité, je pouvais presque sentir le regard de mes voisins d’en face lorsque j’y prenais mon café nu ou quand me venait l’envie de faire quelques photos avec les toits parisiens en toile de fond.

J’y songe alors que je me déplace dans mon nouveau chez moi, ma tasse à la main et uniquement vêtu d’un peignoir aux pans largement ouverts. Jusqu’à arriver devant la fenêtre du salon. Il y a une petite maison sur deux niveaux juste en face et, si mon imagination ne me joue pas des tours, je peux distinguer une ombre derrière le fin rideau qui occulte à peine les vitres de l’étage. 

Je pose mon mug sur la table basse avant de m’immobiliser en pleine lumière. Puis, d’un subtil mouvement d’épaules, je fais glisser le peignoir au sol avant de récupérer mon café que je bois maintenant au vu et au su de quiconque se trouverait de l’autre côté de la rue.

Un grand sourire illumine mon visage alors que je perçois un mouvement chez le voisin : les affaires vont pouvoir reprendre.

Camille with love

L’histoire de deux amis liés par une troublante homonymie et dont nous suivons les tribulations. C’est une bien jolie romance que nous propose ici Julie-Anne de Sée avec son « Camille with love », paru aux éditions Elixyria. 

On s’attache très vite aux deux héros du roman. On sourit avec eux, on les plaint parfois, on a en tout cas du mal à les lâcher. Probablement grâce au climat que l’auteur réussit à mettre en place au fil des pages avec son style si caractéristique fait de mots et tournures bien choisies. 

J’ai choisi de prendre mon temps pour cette lecture. Parce que ce roman mérite de se déguster. Il est une jolie friandise.

Le printemps est là. Laissez-vous tenter par « Camille with love ». Il en sera un fidèle compagnon.

Camille with love est disponible sur le site des éditions Elixyria

Camille with love est également disponible à la FNAC ou chez Amazon

Mais c’est tellement mieux de faire vivre un libraire

Lazy sunday

C’est dimanche matin. Mais il n’a envie de rien. Juste de rester sous la couette et d’attendre que ça se passe. 

Il est seul dans son lit. Une envie irrépressible de prendre un cachet et de repartir au pays des rêves le prend. Pour retrouver celle qui, là, n’est pas à ses côtés. Ce n’est pas raisonnable mais il s’en fout. 

Il a tendu la main vers le tiroir de son chevet quand le bruit de sa porte qui s’ouvre se fait entendre. 

  • Bonjour Chou. Tu es encore couché ? Je prépare le café et je te rejoins.

Elle est revenue. 

Au lit

Le grand soir est venu et il s’est mis au lit le premier. À travers la porte de la chambre, il l’entend se préparer dans la salle de bain.

Est-ce l’excitation de cette première fois qui est imminente ? Il se sent grossir tout doucement entre ses jambes, ne peut s’empêcher de saisir sa queue et commence à se caresser langoureusement. 

Surtout ne pas trop s’exciter avant son arrivée se dit-il. Il va avoir besoin de tous ses moyens pour l’honorer comme il se doit. Longuement, tendrement. 

N’ont-ils pas pris tout leur temps pour se séduire ? Ils prendront celui de s’aimer.

Space X

Tout s’était bien passé. Il n’y avait pas eu d’interruption dans le compte à rebours et les ultimes vérifications n’avaient montré aucune anomalie. 

La fusée avait donc décollé à l’heure prévue et, désormais, le module habité voguait vers la station spatiale dans le silence profond de l’espace. 

C’était l’heure de la détente dans la capsule. Il ne restait plus que quelques ajustements de trajectoire mais le pilote, un homme très expérimenté s’en chargerait en temps utile.

C’est alors qu’une ombre vint obscurcir le hublot tandis qu’un choc sourd fit vibrer la carlingue. L’équipage, aussitôt en alerte, se mit à chercher les causes de cet incident ? Une collision ? Impossible ! À la vitesse à laquelle ils allaient, ils auraient été immédiatement pulvérisés. Non, ça ressemblait plutôt à un accostage en douceur. Mais qui ? 

Malgré leur entraînement, ils étaient proches de la panique. Il faut dire que la situation était tout sauf conforme à la masse de procédures qu’ils avaient eu à ingurgiter pendant leur préparation. 

Leur stress monta d’un cran lorsqu’ils virent qu’on était en train d’ouvrir l’écoutille qui les reliait à l’extérieur. Ils allaient peut-être se retrouver confronter à une atmosphère toxique pour eux et, quand bien même, ils n’avaient aucune arme pour se défendre en cas d’intrusion. 

Tout était-il perdu ? Ils étaient en tout cas prêts à vendre chèrement leur peau alors que la porte de communication venait de céder. 

  • Salut les gars ! On s’était dit qu’un peu de visite avant l’isolement de l’ISS vous ferait du bien. Ne bougez pas, on va vous mettre à l’aise 

Quatre femmes, entièrement nues, venaient de faire leur apparition à la suite l’une de l’autre, armées de bouteilles de champagne et de flûtes. Leurs lèvres intimes, teintées de rouge et saillantes ne laissaient rien ignorer de leurs intentions, surtout lorsqu’elles se mirent à défaire les combinaisons des astronautes médusés. 

  • Mais ! Par quel prodige ? 
  • Enfin les gars, ne me dites pas que vous ignorez encore que l’industrie du X cherche depuis toujours à être à la pointe de la technologie ! On va s’y mettre. N’oubliez pas de sourire, tout est filmé et streamé en direct. 

Ne restait plus qu’à prendre du bon temps. La mission attendrait. Et, dans l’espace, personne ne les entendrait crier leur plaisir 

Jeux de douche

La salle de bain est pleine de buée alors qu’il sort de la douche. Il les a toujours aimées très chaudes car cela le délasse et le ruissellement de l’eau brûlante sur sa peau lui donne souvent des idées.

Aujourd’hui il a pensé à celle qui sait si bien s’occuper de son cul, celle à qui il accorde son exploration par tous les moyens qu’elle désire. Et il n’a pas pu s’empêcher de porter deux doigts pleins de mousse dans sa raie. Il s’est senti si souple sous la pulpe de son index et de son majeur réunis qu’il a poussé ses phalanges dans son œillet.

Il s’est ensuite appuyé sur les carreaux de verre de la paroi pour être plus confortable et a fait pénétrer son annulaire. Puis l’auriculaire. 

Il s’est surpris de sa béance. Il n’a pas joué depuis quelques temps pourtant. Mais le corps a sa propre mémoire, se dit-il. Il a hésité un moment avant de verser une grande rasade de gel douche sur sa main droite. Pour essayer. Il a senti qu’il n’en était pas loin puisque son pouce, à son tour, venait de disparaître en lui.

Il s’est forcé. Inexorablement. Ses parois se sont ouvertes sous sa pression et, bientôt, il est parvenu à son Graal. La sensation de ses muqueuses au bout de ses doigts était folle. Il a eu du mal à le réaliser. Et pourtant.

Il est resté ainsi quelques secondes. Et puis il s’est laissé. Presque à regret. 

Est-ce ce qu’il vient de se faire ? Ses jambes peinent à le porter alors qu’il passe son peignoir. Il ne se voit pas dans le miroir mais il sait que le sourire qu’il arbore est différent de son habitude. Parce qu’il est devenu un autre homme ce soir. 

Petit déjeuner

Il s’est levé un petit peu plus tôt qu’elle. Il a envie de lui faire plaisir et, pour ce faire, lui prépare le petit-déjeuner avant de lui porter au lit.

Il y a à peine un rai de lumière à travers les volets quand il entre à nouveau dans la chambre. Elle s’est réveillée et le regarde avec un grand sourire.

  • Pose le plateau sur le chevet et viens, j’ai envie d’une autre friandise. 

Elle glisse la main sous son peignoir. Il se met doucement à bander sous sa caresse. 

  • Approche ! 

Il a maintenant la queue qui oscille lentement à hauteur de son visage. Elle le saisit du bout des lèvres. Il soupire tandis que, peu à peu, elle l’avale jusqu’à ce que son nez se retrouve dans les frisottis de son pubis. 

Elle le garde ainsi un moment. Puis, peu à peu, le dégage du fourreau de sa bouche. Sa langue vient alors lui agacer le frein et la base du gland. Il en tressaille mais n’ose pas bouger de crainte de gâcher son festin. Mais il veut tout de même lui offrir quelque résistance avant de se rendre. Alors il se contient. 

Pas très longtemps. Les attentions qu’elle lui porte sont telles qu’il ne va pas tarder à défaillir. Il le lui fait savoir. Elle ne relâche pas son étreinte, bien au contraire, et il finit par jouir au fond de sa gorge en saccades qu’elle avale avec ses ronronnements de chatte gourmande.

  • Merci pour cet apéritif matinal mon chéri. 

Le café a un goût divin ce matin se dit-elle alors qu’elle en a fini avec lui et qu’il doit se préparer avant de partir au travail. 

Le coureur

Il avait besoin de sortir, de se changer les idées. Alors quoi de mieux que de chausser les baskets et d’aller courir au bord de la rivière ? Ce n’était bien sûr qu’un aller-retour sur la rive mais il avait l’intention d’y cracher ses poumons et, avec eux, tous ses problèmes.

Le résultat avait été au-delà de ses espérances. Il avait dû s’arrêter au bout de trois quart d’heures, la poitrine en feu et le coeur au bord des lèvres

— Monsieur, vous allez bien ?

Penché en avant, les mains sur les cuisses, il ne l’avait pas vue arriver. Et là, il ne distinguait que le bout des chaussures de l’inconnue.

C’est en se relevant pour lui expliquer, le souffle encore bien court, qu’il lui fallait récupérer un peu mais que, oui, tout était OK que l’oxygène se mit réellement à lui manquer. La joggeuse était d’une beauté à couper le souffle. Une silhouette athlétique que ne parvenait pas à prendre en défaut le tissu moulant de sa tenue, des seins, certes comprimés par sa brassière mais à l’arrondi parfait et dont les tétons semblaient appeler à ce qu’on les saisisse et, surmontant tout cela, un visage dont le regard préoccupé ne parvenait pas à faire oublier le charme.

Et puis, surtout , sa peau qui luisait sous une fine pellicule de transpiration. Qu’il eut immédiatement envie de lécher.

Elle répéta sa question.

— Monsieur, vous allez bien ? Parce que, je vous assure, vous faites peur à voir. Je suis médecin, laissez-moi prendre votre pouls.

Et elle lui enserra le poignet de deux doigts tout en consultant sa montre d’un air préoccupé. Ce contact l’acheva. Il posa sa main sur son avant-bras. Elle releva les yeux et, quand elle vit son regard, elle comprit. Il avait plus que repris du poil de la bête et il était parfaitement en forme. De partout, ce qu’elle put constater en jetant un œil à son short. Il ne bougeait pourtant pas. Alors elle lui donna une tape sur les fesses

— Vous êtes prêt à repartir ? Je vais vous donner la cadence et nous ferons une petite halte dans une dizaine de minutes. Il y a un peu plus loin un bosquet avec une fontaine au milieu. Nous pourrons nous y désaltérer et nous serons plus à l’aise qu’ici pour faire quelques mouvements

Elle démarra, lui sur ses talons. Il aurait suivi cette apparition au bout du monde.